Les Pèlerins d'Yssel

Les Pèlerins d'Yssel

mercredi 2 janvier 2013

Moéva d'Arézar, général des Dames d'Yssel.

Moéva d'Arézar, par Clémence de Chambrun.
     Moéva d'Arézar, personnage principal des Pèlerins d'Yssel, est général des Dames d'Yssel, un ordre de mercenaires qui se voue à la défense du royaume d'Abhorn et au soutien de sa population, jusqu'à ce que le prince-servant Haert décide de le dissoudre pour des raisons politiques et économiques.

      Moéva est un illustre personnage, presque une légende vivante, adulée par le peuple qui la considère comme sa plus grande héroïne depuis la Dame d'Ezar, laquelle aida l'humanité à se libérer du joug des elfes et qui installa la dynastie des de Clayroy sur le trône. La jeune femme, âgée de 37 ans, est connue dans tout le royaume et même par-delà ses frontières. Elle est devenue un symbole d'Abhorn : quiconque s'en prend à elle met en danger la paix du royaume. Née à Calibe en Outre-Ezar (1386), Moéva a été mariée très jeune à Farven, un joaillier de Fort-Alba. Peu de temps après, elle s’est évadée de chez elle et a été recueillie par Dame Serth, une sage médusienne. Ayant rejoint l'ordre des Dames d’Yssel, Moéva a été l’élève de la vieille Urgarde. Elle s'est liée aussi d’amitié avec le chevalier Brilliân, premier-chevalier de la princesse Elvire, et le comte Ebbon de Mégare, grand seigneur de l'Outre-Eazr. Devenue général au service du roi Manfred (1410), la plus grande victoire de Moéva a été celle contre les Pyctes, en Outre-Ezar (1413). Pendant les dix années qui suivirent le conflit, elle a utilisé tous les recours possibles pour faire libérer l’Intouchable Nathaleene (une lunarelle aux pouvoirs mystiques) des griffes de ce peuple barbare, mais sans succès hélas. Quelques années plus tard, Moéva a mené une campagne difficile mais victorieuse contre les Pillards-Pourpres (1421 – 1423). Elle a survécu à la bataille des Ravins-Argent et au sacrifice de presque tous ses soldats. Suite à la dissolution de son ordre par le prince-servant Haert, le général d'Arézar a décidé de rentrer chez elle, en Outre-Ezar.  


     La fin des Dames d'Yssel sonne pour Moéva, non pas comme une déchéance ou un désaveu, mais comme la permission de prendre sa retraite. C'est dans l'espoir de trouver un repos bien mérité qu'elle se rend en Outre-Ezar, terre de sa naissance, mais aussi de ses premières douleurs. En chemin, on lui confie la garde d'une jeune lunarelle, Saerra, contrainte de fuir la ville de Lunel, et de trouver refuge en Outre-Ezar. Saerra est promise à un mariage arrangé et Moéva, qui doit veiller à conduire la jeune fille à son futur époux, se retrouve confrontée aux fantômes de son passé. La cohabitation entre la sombre vétérante et la vive lunarelle promet d'être intéressante, car tout les oppose. Blessée et épuisée tant physiquement que moralement, blasée et taciturne, Moéva n'est pas d'une compagnie très agréable pour une fraîche jeune fille débordante de vie et du désir d'aimer librement. Qui plus est, pour l'agacer davantage, Saerra adule le général d'Arézar ; or, l'ancienne Dame d'Yssel, réaliste sur elle-même, déteste le fait d'être sans cesse placée sur un piédestal ; elle qui se considère plutôt comme une servante de la paix du royaume. 

     La raison pour laquelle Moéva d'Arézar attire l'attention de Callios, l'étoile déchue de la Mort est un mystère. Sa mission de sauver Yssel, reine du saint firmament et objet de culte des humains, alors qu'elle-même n'est pas une fervente croyante, est une énigme qui l'interroge beaucoup. Car, comment rendre la Foi à la plus auguste des entités, alors que l’on est soi-même amer envers la Vie et que l’on ne croit (presque) en rien ? 
     Implacable envers ses ennemis, généreuse envers ceux qui lui demandent de l'aide, mais à bout de souffle, Moéva avance de son mieux dans un monde en mutation auquel elle ne veut plus se mêler. Son voyage sera peut-être l'occasion de se découvrir elle-même et de dépasser sa douleur d'exister...


Larry Elmore.


       C'est cette illustration de Larry Elmore pour la couverture de Cœur Sombre, de la saga Lancedragon, qui m'a inspiré le personnage de Moéva d'Arézar : corps athlétique, tignasse noire et bouclée, visage fin, air hautain voire revêche. Bon, oubliez l'amure fantastique et collez-lui plutôt un manteau de cuir à capeline sur les épaules, ou une ample capuche. Clémence de Chambrun en a donné une belle version pour la couverture du tome 1 des Pèlerins d'Yssel : l'expression est similaire, et rend même mieux compte du caractère mélancolique de mon héroïne. Pour moi qui ait été une inconditionnelle de la guerrière de Michel Weyland, Moéva serait peut-être une sorte d'Aria vieillie et usée par les aventures, les combats et le temps, qui sait ? Bon, là encore virez-moi cette petite tenue irréaliste pour une grande guerrière et d'autant plus pour Moéva qui n'est pas la dernière des héroïnes névrosées ! 

Michel Weyland.
   Je ne voulais pas d'une héroïne principale lisse et parfaite, maîtresse en arts martiaux et qui a réponse à toutes les énigmes qu'on lui propose. Je voulais écrire avec un personnage qui me dérangerait, qui saurait me bousculer. Je désirais pouvoir déposer mes peurs et mes angoisses dans ce personnage, et m’émerveiller de le voir faillir ou vaincre. Moéva me permet d'exploiter les thématiques et les questionnements de la perte,  du handicap, de la maternité, de la peur d'être soi-même et de l'attachement à l'autre, de la confrontation aux hommes et à leurs lois, du désir de paix et de mourir, et enfin du sens et du fardeau de la Vie et de la Foi. Têtue et insoumise, ce personnage me réserve bien des surprises et m'a déjà plongée dans de vives complications ! Il m'est déjà arrivée qu'elle choisisse de prendre une autre direction que celle imposée par mon plan. Elle me déroute et me fascine autant que les autres héros qui croisent sa route. A l'instar de sa créatrice, c'est une râleuse franche, une solitaire au grand cœur, une passionnée tenace qui a horreur de l'injustice.
 
     Au cours de mon écriture, je me suis rendue compte que d'autres personnages entraient en résonance avec celui de Moéva. 
    En premier lieu, l'ancienne Dame d'Yssel a son "jeune" reflet : la princesse d'Abhorn, Elvire de Clayroy. Celle-ci incarne une jeune femme au début de son existence alors que Moéva est plutôt en fin de parcours ; la question de la féminité est centrale dans leur problématique existentielle et elles se répondent mutuellement. Elvire est dans la découverte, Moéva fait le bilan. Leurs sombres destinées, évoluant en parallèle, se croiseront-elles un jour ?
Gren, dans Cowboy Bebop.
    L'autre personnage qui fait pendant à Moéva, et ce fut une surprise au cours de la  rédaction, n'est autre que le maître-Mort Sirèn. Leurs caractères sont opposés : l'un est un animal social et l'autre est une sauvageonne, mais ils partagent tous deux une certaine bienveillance maternelle envers les jeunes filles en détresse, ainsi que leur attrait pour le tabac méduséen. Ils possèdent aussi chacun une voix rauque et chaude et un physique qui impressionne leurs interlocuteurs. Chacun a eu un jour une proximité avec la mort, mais Sirèn a dépassé cette expérience alors que Moéva continue d'en souffrir. Pour guerroyer et survivre dans un monde où l'élite est majoritairement masculine, Moéva a dû se masculiniser. Sirèn, quant à lui, laisse pleinement son versant féminin s'exprimer. Symboliquement, il a les cheveux longs, et elle les cheveux courts. Toujours concernant la thématique existentielle de la féminité, Moéva est dans la fermeture et le doute, Sirèn est dans l'acceptation et l'ouverture. Sachez enfin que le personnage envoûtant du maître-Mort est directement inspiré par celui de Gren dans l'excellentissime série animée Cowboy Bebop. (J'avoue avoir toujours eu un faible pour les hommes aux cheveux longs, lisses et noirs représentés dans les mangas, comme Shiryu, chevalier du dragon dans les Chevaliers du Zodiaque ; il est d'ailleurs possible que celui-ci ait inspiré quelques uns de mes chevaliers, notamment l'irrésistible et superbe Karesh Asharam...)

     Pour finir cet article sur Moéva, je vous propose "Breath of Life" de Florence and the Machine, qui accompagne assez bien le personnage de Moéva dans ses pérégrinations intérieures et dans ses aventures. Cette chanson au rythme épique et languissant à la fois est l'une de mes préférées du moment. Elle représente assez bien le désir qu'a l'ancienne Dame d'Yssel d'un souffle nouveau et son obstination à ne pas céder au désespoir qui l'assaille.



Retrouvez, via ce lien, un extrait du dernier (?) combat de la célèbre Dame d'Yssel !

Merci à tous pour votre lecture et votre écoute.
A très bientôt !






Bonus : Au cours de la promotion du roman des Pécheurs (tome1), La Bourdonnaye a donné des airs de Lady Sif (Avengers) à mon héroïne. La comparaison est flatteuse, je trouve.  :)
Qu'en pensez-vous ?




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