Les Pèlerins d'Yssel

Les Pèlerins d'Yssel

dimanche 24 février 2013

En état de grâce avec Esprit de Brume !

 "Un voilage, un pantalon noir, la poitrine à nue, un fond noir et du mouvement : voilà ce qui me permet de laisser aux modèles de s'exprimer par le corps en totale liberté. "
Baptiste Vignasse, Esprit de Brume photographie.
 
     Tout à commencé par une histoire de corset, à une soirée réunissant de bons et joyeux amis. Revenue chez moi, je regarde les photos de Baptiste, pour me faire une idée de son style et là... Il se produit un choc, ou plutôt, une résonance entre mon for intérieur et la série "Voilages". J'ai tout de suite été transportée par la grâce de ces images, envoûtée par leur mystère, saisie par leur contraste entre ombre et lumière, entre le noir du fond, la blancheur des peaux et les couleurs des voiles. Ces modèles ainsi transfigurés étaient pour moi des anges, surgissant des ténèbres avec naturel, superbe et volupté. J'ai eu aussitôt envie de faire partie cet ensemble, comme si quelque chose en moi avait retrouvé sa maison et souhaitait y retourner. Oublié, le corset (pour cette fois). Je me suis abandonnée à mon instinct, confiante et cédant totalement au talent et au professionnalisme de mon ami Baptiste. Et le fait d'être photographiée poitrine nue ne m'est pas apparue dérangeant, car l’œil du photographe n'avait pas de quoi me déranger. Et à tous les réticents ou les choqués, non, je ne suis pas nue : je suis lumière !

     J'ai pris beaucoup de plaisir à danser entre ombre et lumière ; cette séance était une véritable performance artistique qui m'a laissé de belles courbatures ! Écrire aussi marque parfois dans la chair, lorsque les yeux fatiguent sur l'ordinateur, lorsque les doigts se crispent sur le clavier, que la nuque tombe, lourde et raide. Le corps est épuisé mais l'âme ne cesse d'en vouloir encore : écrire encore et toujours pour la beauté de l’œuvre et la puissance de la création ! Danser, encore et toujours pour l'éclat ! Heureuse d'avoir ces voiles colorés pour partenaires, je les modelais aussi parfois, suivant mon inspiration. Ils étaient mes outils, comme je peux me servir de mes peurs ou des mes souvenirs pour créer. Je jouais avec eux comme je jongle avec mes idées, mes émotions, mes personnages. J'avais une idée vague du rendu final, mais comment savoir alors quelle œuvre merveilleuse verrait le jour ? Comme pour les Pèlerins d'Yssel, la réalité a dépassé mes fantasmes.

"les Flammes du désert" par Esprit de Brume, TDR.

     Le lien avec l'écriture est cependant venu plus tard, pendant la préparation de la séance photos. Écrire est se dévoiler intérieurement, se mettre à nu, partiellement, c'est mettre en lumière une partie de son âme pour l'incarner dans un personnage ou dans un paragraphe, jouer à la déformer et à en prendre le contre-pied aussi. 
     Je peux dire sans exagérer ni rougir qu'il fut un temps où écrire m'a sauvée la vie car cela m'a donné un but ; écrire m'a sortie des ténèbres d'un deuil difficile et d'une adolescence mélancolique. Sur ces photos, je me vois renaître, émerger des Enfers avec un cœur neuf, lumineux et débordant de joie. On pourrait dire que Baptiste a su fixer, sans le savoir, quelque chose qui en moi couvait depuis longtemps (c'est vous dire qu'il mérite tous ces éloges !) Ces voiles sont peut-être la matérialisation de mon feu intérieur, le reflet d'un équilibre aujourd'hui acquis, d'une sérénité retrouvée. 
     
     Accepter de se voir nu n'est pas chose psychique aisée. Il faut se faire aussi à l'idée que des inconnus et d'autres verront ces clichés avec leur œil propre, déconnectés de la genèse de ce projet et de nos intentions conjointes entre modèle et photographe ; ils interprèteront ces images différemment ; ils les jugeront et peut-être me jugeront-ils mal aussi. Cette prise de risque en valait-elle la peine ? Au regard de toute la joie et de toute la lumière ayant découlé de cette séance et de l'admiration de ces belles photos, je dirais que oui. 
     Éditer, et le faire en tant qu'auteur indépendant, demande le même lâcher-prise, le même courage que de poser nu : partager son œuvre demande un effort psychique et s'exposer aux critiques n'est pas chose aisée pour l'égo. Mais c'est est une démonstration de force intérieure, la preuve d'une âme construite et bien assise. C'est aller au bout de sa démarche, au terme de soi, et pousser les portes d'un nouveau commencement. S'ouvrir aux autres et ne pas craindre de se dévoiler un peu est la continuité naturelle, l'aboutissement ultime, d'une ouverture sur soi-même et de l'acceptation de sa vérité intérieure.
 
Merci infiniment à Baptiste Vignasse, mon ami, d'avoir pu rendre vie à ces rêveries ! J'espère que notre collaboration artistique suivra son cours et que je pourrais vous présenter d'autres projets.
Pour découvrir son excellent travail, c'est ici : Esprit de Brume photographie.

Merci à vous lecteurs pour votre lecture, votre sensibilité et votre bienveillance.

Entretien sur Ecran Total.

 " La rubrique « Un auteur indépendant se présente » est un espace d’expression et de visibilité pour tout auteur indé qui le souhaite. Ici, chacun a carte blanche pour parler de ses œuvres, de son univers, de son parcours, de ses projets, et de l’édition indé.
   De ça et du reste, puisque l'indépendance, c'est la liberté." Laurent Bettoni, écrivain et modérateur.

Voici le lien de cet article ! Linden Oliver : un auteur indépendant se présente.


Merci à Eva Liebermann et à Laurent Bettoni pour leur aide et leur bienveillance !

Merci à vous, lecteur, pour votre lecture et votre soutien !

dimanche 3 février 2013

Princesse et chevalier : un amour... impossible (?)

Pour vous réchauffer en ce mois de Février et parce que la Saint valentin approche, voici un nouvel extrait du Tome 1 des Pèlerins d'Yssel, et un peu de musique pour être davantage inspiré !


   "Plus le capitaine Howen se rapprochait de la princesse, et plus [...] il était attiré par elle comme un aimant. [...] devant une grille au-delà de laquelle luisait une lumière bleuté. Il poussa la porte et avança d’un pas dans la semi-obscurité. A la lumière des bulbes exotiques, il découvrit la chapelle à moitié immergée. Il n’eut pas le temps de s’extasier car il entendit les clapotements soulevés dans l’eau par quelqu’un qui nageait. Se retranchant dans les ombres plus profondes de l’entrée, il se dissimula au baigneur qui glissait vers lui. Craignant d’être découvert, son cœur se mit à battre, lorsqu’il vit deux mains se poser sur le parapet. Prenant appui sur elles, le nageur se hissa hors de l’eau. 
     Ignorant tout de la présence du chevalier, Elvire se leva et tordit ses cheveux entre ses doigts pour les essorer. Les lèvres de Scid s’ouvrirent d’étonnement lorsqu’il reconnut sa princesse. Il avait douté d’avoir retrouvé la jeune fille lorsqu’il avait vu cette belle naïade s’étirer en sortant des eaux. Ses joues s’empourprèrent lorsqu’il réalisa qu’elle était nue. Mais quoi qu’il tente, il ne pouvait détacher ses yeux de cette vision. Ce n’était plus la petite adolescente chétive qui se tenait devant lui, mais une jeune femme sublime. Comment avait-elle pu changer, s’épanouir ainsi en seulement deux semaines ? S’il avait posé cette question à Sirèn, le maître-Mort se serait esclaffé : « Il était temps, n’est-ce pas ? C’est magique ! »
     Comme tout jeune homme observant un corps féminin, nu et ruisselant d’eau, Scid sentit une bouffée de désir monter en lui et le clouer sur place. Sa langue caressa son palais lorsque se penchant pour ramasser sa serviette de bain, Elvire lui dévoila ses beaux petits seins en forme de poire. Lorsqu’elle s’essuya les hanches, Scid se retourna d’un bloc. Il quitta le tunnel en tâchant de ne pas se faire repérer à cause du bruit. Lorsqu’il fut assez éloigné de la princesse, il s’enfuit à toutes jambes. Courant en quête de la surface comme d’une rédemption, il était trop surpris de ce qui lui arrivait pour se sentir coupable. Il aurait dû avoir honte : en tant que jeune homme bien élevé, lorgner une jeune fille nue à son insu – et une altesse royale de surcroît ! – était impardonnable ! Ce qui le surprenait, ce n’était pas tant le désir qu’il avait éprouvé, mais surtout les sentiments qui s’étaient soulevés avec. Son cœur frémissait tout autant que son sexe et d’impétueuses pensées ajoutaient à son trouble. Au retour de Brillian, aurait-il la possibilité de rester proche de la princesse ? Lui accorderait-elle toujours une place dans son affection ? Si elle n’avait plus besoin de lui pour aller mieux, voudrait-elle de lui pour davantage s’épanouir ? Malgré les interdits, pouvait-elle avoir envie de lui, un jour ? Quel goût pouvait avoir ses lèvres, sa peau ? Il gémit. Il avait suffi d’une seule fois pour que tout bascule et c’était maintenant trop tard. Sa crise de jalousie envers Sirèn… Son ardeur à vouloir la retrouver pour mettre fin au vide de son absence… La passion provoquée par la vision de ses atours de femme… [...] Non ! Il ne pouvait pas être tombé amoureux de la princesse - il n’avait pas de tendances suicidaires. Il ricana nerveusement. C’était un coup classique, celui de la romance entre le preux chevalier et la damoiselle sans défense. Ou encore, l’histoire du guérisseur et de la patiente... Allons ! Manquait-il d’originalité à ce point ? Son cœur était pur, mais qu'en était-il de ce désir impromptu ? Et bien il s'agissait d'une envie, rien d'autre. Pas de quoi culpabiliser ni d’en faire tout un drame ! Il avait eu une réaction naturelle, comme tout jeune homme en bonne santé et face à un corps féminin dénudé et très sensuel. Voilà, fin de l’incident !
    [...] Etait-il possible d’être à la fois premier-chevalier et amant de son Héritière ? Les maîtres-Mort autorisaient-ils de telles… dérives ? Oh ! Puisse Brillian revenir vite pour le libérer de ce dilemme ! Non, se défendit soudain le chevalier, enfiévré. Que Brillian ne revienne jamais pour le séparer de sa princesse ! Tremblant de confusion, Scid reprit sa garde devant la porte d’Elvire.
Avez-vous trouvé votre princesse ? demanda l’un des Gardiens du Vide. [...]
– Oui, répondit-il. (Et il ajouta pour lui-même :) J’ai trouvé bien plus qu’une princesse. J’ai peut-être trouvé celle que j’aime."
Les Pèlerins d'Yssel, tome 1 : Les Pécheurs, chapitre 21.


Merci pour votre lecture et votre écoute !
A très bientôt !