Fans ou curieux de Medieval Fantasy et d'aventures épiques, bienvenue !
Je partage ici, avec vous, mon actualité littéraire, l'univers de mes romans, des musiques et thèmes qui m'inspirent, ainsi que d'autres projets artistiques.
Je vous souhaite à tous et à toutes une très bonne lecture !
Bonjour à tous et à toutes !
Pour changer de l'écriture et de la Fantasy, je vous propose un aperçu de mes collaborations en tant que modèle amateur avec Baptiste Vignasse, ami et photographe d'Esprit de Brume. Je rappelle que les photos présentées sont la propriété exclusive de leur auteur, et que leur utilisation sur ce site a été faite avec son accord. Pour toute utilisation, même temporaire, de ces photos sur d'autres médias, merci de contacter l'artiste.
Séance "Noir et Blanc" :
Le portrait utilisé en profil et sur la quatrième de couverture de mes romans auto-édités fait également partie de cette séance.
Voici le lien vers la série intitulée "Féminités".
La maille ne protège pas
Séance "Pin-up en Forêt" :
Le fruit de cette séance a bénéficié à deux séries : "Féminités" et "Regards de Femmes".
Baptiste m'ayant fait la grâce d'être le photographe de mon mariage, voici en bonus un portrait de la mariée en route pour la mairie rejoindre l'amour de sa vie :
Descente au Bonheur
D'autres photos suivront bien sûr... A très bientôt !
Suite à l'article intitulé "La Vallée Secrète : un passage vers l'Au-delà", voici un petit topo sur les âmes oubliées du repos éternel.
Lorsqu'un être meurt sur Adir, son âme
est attirée par le pouvoir des Gardiennes, les Llawynynes. Leur chant uni l'éclaire et lui permet d'accéder à un état de conscience supérieur. Aucun trépassé ne peut donc nier sa mort, ni rester enchaîné à son ancien environnement. Sans crainte d'être détourné de son chemin, il passe sereinement les Portes de la
Vallée Secrète qui se referment alors derrière lui. Ne pouvant plus
revenir en arrière, cette âme ne pourra pas hanter les vivants, ni même
être conjurée par un mage lunarel ou quelques apprentis invocateurs peu
scrupuleux. Ainsi, il n'y a aucun fantôme qui erre à la surface d'Adir. Les vivants n'ont à craindre aucun revenant. Seules les saintes Étoilés brillant au firmament inspirent les mystiques et les futurs saints. Au cœur de la Vallée Secrète, les âmes peuvent librement patienter derrière les Portes que leurs proches les rejoignent, ou bien s'éloigner, s'élever davantage, et continuer sur la voie de leur Existence. Cependant, l'Au-Delà et le monde physique ne sont pas aussi cloisonnés qu'il y parait.
Seuls les esprits des elfes qui ont été maudits par le Grand Prêtre d'El ne peuvent accéder à la
Vallée Secrète et au repos éternel qui se trouve derrière les hauts
battants d'obsidienne. Une volonté plus forte que celles des Gardiennes
les contraint à hanter les ruines de leurs anciennes cités. C'est la
colère et la haine qui les empêchent de poursuivre leur chemin dans
l'Au-delà. Tourmentés par l'extinction de leur race par les humains,
gémissant sur leur gloire passée et hurlant vengeance par delà les
siècles, les
spectres dorés agressent quiconque aurait le malheur de les rencontrer.
Ils dévorent l'esprit de leurs victimes et les rendent folles jusqu'à la mort. Ainsi, les elfes damnés
préservent intact les trésors et les secrets de leur grandiose
civilisation. Ils n'ont qu'un désir : reconquérir leurs terres et leur puissance d'antan ! Leur malédiction empoisonne la nature, laquelle engendre alors des aberrations aussi cruelles et assoiffées de sang que leurs créateurs.
Maudits également sont les Silths. Autrefois, ils étaient des âmes
éveillées, des saints dont la lumière spirituelle se matérialisait au
firmament par le rayonnement d'une étoile. Certains ont déchu par
mélancolie, par abandon, par oubli, mais aussi par colère ou par devoir.
Callios, l'Etoile de la Mort, est le premier Silth, et de fait, leur souverain . Ces "démons" (au sens littéral du terme : ces entités qui font le
lien entre le plan physique et un autre monde supérieur), sont certes
damnés mais pas fondamentalement mauvais, car leur damnation n'est pas
le fruit d'une faute ou bien d'un rejet de la divinité. Les Silths ne sont clairement pas à leur place dans le monde physique. Leur irruption malheureuse perturbe l'éther
et modifie le flux des énergies surnaturelles. Leur présence en
nombre est signe de catastrophe et leur contact glacial est mortel. Mais
c'est en voulant soulager les êtres vivants de leurs souffrances et de leurs
fardeaux qu'hélas ils les tuent. Seules les petites filles peuvent
supporter leur aura. On raconte que les Silths leurs confient de grands
secrets lors de jeux, mais que tout est oublié lorsque ces
enfants deviennent pubères. Si quelques démons rodent la nuit autour
des forts isolés de l'Outre-Ezar, à la recherche d'un peu de clarté et
de chaleur, plus nombreux sont ceux qui ignorent les vivants et coulent
une éternité triste et obscure dans la solitude et le grandiose de site
naturels reculés. Ils flottent dans les airs, enveloppés d'ombres et décharnés. Attendent-ils une rédemption ? L'heure de
l'ultime Jugement ? Le déclin d'Yssel semble hélas contrarier leur
espérance de reconquérir le firmament, poussant quelques spectres plus
hardis à s'insinuer dans le destin des mortels...
Comme petit intermède musical à cet article, je vous propose d'écouter "The Way" de Zack Hemsey.
Ceux et celles que l'on nomme "Priants" sont des gardiens qui, de leur vivant, se sont attachées
par serment à un lieu, ou ont été sacrifiés à un endroit symbolique précis, pour en maintenir
l'équilibre. L'âme d'un Priant reste donc ancrée à son cadavre momifié,
protégé des ravages du temps par la puissance magique et la volonté de
son esprit. La plupart de ces gardiens sont bienveillants et solitaires.
Ce sont des égides contre le Mal, un rempart contre la malédiction elfique. Ils régulent le flux des énergies
terrestres, cosmiques et thaumaturgiques. Ils protègent la faune, la flore et les habitants qui
les entourent. On ne les trouve que dans le
duché de l'Outre-Ezar, dans les marches de l'est du royaume d'Abhorn.
Certains de ces Priants bénéficient d'un culte de la part des humains
qui leur rendent hommage ou cherchent à attirer leurs faveurs ; ils sont
la source de nombreuses superstitions que l'Eglise d'Yssel cherche à étouffer.
Hélas, leur puissance décline et leur aire d'influence décroît
lorsqu'ils sont oubliés des vivants. Les terres et les troupeaux
deviennent stériles et lentement les territoires se dépeuplent au profit
des forts et des cités, dont les maux augmentent. Certains Priants se
laissent aussi corrompre par leurs anciens désirs et les rêves de leur
gloire disparue. En théorie, ces gardiens sont libres de mettre fin à
leur sacerdoce. Cependant, ceux qui ont prêté serment devant leur souverain de rester pour protéger le royaume ne
peuvent passer de l'autre côté de la Vallée Secrète sans son royal consentement.
D'autres esprits protecteurs œuvrent encore en dehors de la
Vallée Secrète, mêlés aux mortels : les Gardiens du Vide. Ils ne
survivent que pour honorer la reine Sans-Nom à travers le sang de ses
héritier directs. Choisi parmi les plus valeureux des anciens chevaliers
de la Couronne d'Abhorn, ils parcourent les couloirs du palais de
Castelclayr lorsque les temps sont incertains. Ces paladins taciturnes à
la puissance surhumaine ont été rappelés depuis l'Au-delà grâce à la
magie du Dernier Roi Légitime des Elfes, qui seul connaissait le nom
secret des Llawynynes. Ils sont
tout entier dévoués à la défense de la lignée royale des Clayroy et
veillent à ce que jamais n'advienne un nouveau règne du Champion des
elfes. On ignore leur nombre exact et leur nom à chacun. Seul le plus
ancien d'entre eux est connu des élites : prénommé Morandys, il siège au
conclave des Maîtres-Mort, ces obscurs assassins au service du roi.
Discrets malgré leur stature imposante, les Gardiens du Vide ne laissent
pas de trace dans les esprits les plus faibles ; toute personne issue du commun des mortel et
qui en croisera un l'oubliera aussitôt, ne gardant dans le cœur qu'un
inexplicable sentiment de peur. Là encore, seul l'ordre d'un prince de
sang peut contraindre ces "armures vivantes" à abandonner leur mission éternelle. Celle-ci
n'est hélas pas sans douleur. L'arrachement à l'Au-delà et
l'enchâssement de leur âme humaine dans d'antiques armures elfiques leur
infligent de continuelles souffrances, qu'ils supportent vaillamment
grâce à la noblesse de leur cœur.
Jason Chan
Enfin, il y a ceux que le Destin a "rejeté" de la Vallée Secrète. Il y a ceux qui ont vu, pour quelques secondes, ce qu'il y avait derrière les hauts battants d'obsidienne. Il y a ceux que l'Au-delà n'a pas voulu garder, pour des raisons connues des seules Etoiles saintes du firmament. Ces hommes et ces femmes, qui ont clairement vécu ce que nous appelons dans notre réalité "une expérience de mort imminente", forment la caste des maîtres-Mort. Ils ne sont pas des âmes damnées, mais certains hélas considèrent la révélation qu'ils ont eu comme un fardeau et non une lumière. Ils sont unis par un lien empathique, et tous sont liés à l'esprit de la plus ancienne d'entre eux, chef de leur ordre, Paya la médusienne. Lorsqu'ils reviennent de l'Au-delà, leur âme est à jamais transformée, plus sage mais aussi plus détachée par rapport à leur environnement. Ils effraient souvent le commun les mortels par leur froideur et leur regard immense. Certains Maîtres-Mort ne peuvent plus supporter un retour "normal" à une vie sociale, et se retirent du monde. D'autres se mettent au service des morts : ils font office de thanatopracteur, d'expert en médecine légale, de fossoyeur, etc... Ils n'ont que faire des jeux de pouvoirs entre les seigneurs et les élites locales ; avant tout, ils sont au service des défunts et de leurs familles. De la même manière qu'ils aident les guérisseurs à combattre les épidémies, ils enquêtent sur les crimes et aident les sénéchaux du roi à convoquer les malfaiteurs devant la justice, à laquelle jamais ils ne se substituent. L'aller-retour entre les portes de la Vallée Secrète a protégé leur esprit contre toutes les attaques psychiques et aussi contre la malédiction elfique ; ce sont donc eux que l'on envoie faire des recherches et des fouilles dans les dangereuses ruines hantées. Seul un petit groupe de Maîtres-Mort, membres du "Premier Cercle" prête ses services à la couronne d'Abhorn. Leur mission est de veiller à ce que les anciennes prophéties s'accomplissent et que l'Humanité ne sombre pas dans le Néant. Le déclin d'Yssel, reine céleste du firmament, est l'une de leur principale préoccupation, ainsi que la destinée incertaine du royaume dont le roi est mourant et l'autorité contestée par les grands barons et les rebelles lunarels.
Pour en savoir d'avantage sur ces étonnants personnages et que le monde dans lequel évoluent, n'hésitez pas à vous plonger dans la saga épique des Pèlerins d'Yssel !
Je vous remercie pour votre lecture.
Bonne continuation et à bientôt !
Dans les Pèlerins d'Yssel existe
un lieu créé par magie pour protéger le monde des vivants de celui des
esprits et des morts : La Vallée Secrète. Fondée autour des âmes de deux
sorcières elfes jumelles, cette antichambre de l'Au-delà abrite une
puissance terrible et d’indicibles dangers pour les voyageurs mortels.
Quelques êtres désespérées se risquent pourtant à rencontrer les Gardiennes,
espérant follement qu'elles leur permettent de revoir une dernière fois
l'être aimé. Oui, car il faudrait être désespéré pour vouloir se risquer
dans ce lieu suspendu entre le monde mortel et le monde surnaturel.
Fou, désespéré, ou contraint d'y pénétrer par un ennemi redoutable...
" Entendant le portail magique se refermer, Livie arrêta
Cœur-Louve. Quelques secondes plus tard, Argân la dépassa et les guida, Serth
et elle, sur un chemin qui, depuis un contrefort montagneux, descendait dans la
Vallée Secrète. Il leur restait en effet une bonne heure de route avant de
rejoindre Cixie. Prudent, le lunarel n’avait pas fait œuvre de magie dans la
Vallée en elle-même. Mais celle-ci était pourtant si proche que la nature
commençait à ployer sous son influence. Au fur et à mesure de leur avancée, la
végétation rapetissait et se solidifiait insidieusement. Les arbres se
recroquevillaient vers le sol, jusqu’à devenir des buissons. Lorsqu’ils
atteignirent le fond du vallon, le ciel apparut et déploya sa tapisserie
d’étoiles. La nuit était tombée si vite qu’on aurait pu croire qu’elle était
éternelle en ce lieu maudit. Les buissons se fossilisèrent jusqu’à ressembler à
des rochers. Ces derniers, sculptés par un vent absent et créatif, semblaient vouloir
fuir. Ils avaient des formes fantastiques, éclatées comme des druses de
cristaux, scintillant et tranchant comme des épées. Il n’y avait plus d’herbe,
juste de la roche et du sable gris qui scintillaient à la lumière d’Yssel. Se
découpant, toutes noires sur le ciel indigo, des montagnes aux pentes abruptes
encadraient le trio. Le cheval de Serth hennit. Aucun écho ne résonnait entre
ces murailles naturelles, plus abruptes encore que les pentes des Ravins-Argent.
L’air y était lourd comme sous un voile. Livie et la médusienne avaient
l’impression d’être de petits insectes se faufilant entre les mailles d’une
étole de soie. Argân leur fit rejoindre un large sillon qui les mena jusqu’au but
de leur voyage ; la pierre à cet endroit était polie et craquelée comme la
surface d’un vieux miroir. Un courant magnétique se faufilait entre les sabots
des juments dont les jambes, à chaque pas, s’éclairaient de rares étincelles
bleues. La lumière d’Yssel palpitait au raz du sol avec les grains de sable
épileptiques. La main sur la garde de la rapière en elférium, Livie observait
les alentours, le cœur serré par une douloureuse sensation de déjà-vu. Après sa
chute de cheval, six années plus tôt, son âme était entrée là pour rejoindre
les Portes de la Vallée Secrète. Le danger ici était réel. A la lumière
d’Yssel, les âmes errant par ici pouvaient se matérialiser et agresser les
voyageurs de leurs supplications ou de leurs ressentiments. Heureusement, le maître-Mort
saurait comment les apaiser. Elle inspira profondément, mais l’air avait du mal
à pénétrer ses poumons. Soudain, Cœur-Louve trébucha légèrement. En ce lieu,
toutes les énergies vitales s’épuisaient insidieusement. En y prêtant bien
attention, et avec de l’imagination, certains rochers ressemblaient à s’y méprendre
à des corps pétrifiés… Des lueurs pâles et diffuses se faufilaient d’un amas de
pierre à un autre ; mais c’était peut-être bien encore un effet dû à la
lumière…
" Malgré sa vigilance et sa connaissance des lieux, Livie se
laissa surprendre. Quand elle s’y attendait le moins, devant elle se dévoilèrent
deux hauts pans de falaise noirs et lisses, séparés par un petit espace de ciel
à peine discernable. L’entrée de la Passe aux Ames ! Mais celle-ci se
trouvait encore bien loin. Ces falaises faisaient déjà partie du royaume des
morts. Elles n’étaient que le reflet surnaturel d’une autre réalité qui se
laissait timidement entrevoir. C’était ça, la véritable Vallée Secrète. Celle
dont personne ne pouvait revenir. L’endroit que venait de traverser le trio
n’était finalement qu’une sorte d’antichambre. Et entre les deux univers, il y
avait bien entendu un passage. Il se trouvait là, au milieu du paysage, au bout
de cet étrange sillon de verre. Immenses, massives, hiératiques, les Portes de
la Vallée Secrète ressemblaient à l’entrée d’une antique forteresse elfique,
sans les murs et les ruines tout autour. C’était juste un encadrement en belles
pierres de marbre gris qui soutenait deux battants d’obsidienne. Le tout
semblait être suspendu entre ciel et terre, maintenu debout par les rayons
stellaires dans un état de grâce presque absurde. Car cette vision avait
véritablement quelque chose d’incongru, autant que de solennel ; qui se
serait attendu à une telle chose ? Cette construction d’une beauté épurée
avait de loin un aspect des plus… inoffensifs. En se rapprochant un peu plus…
Serth découvrit les inscriptions elfiques gravées dans le linteau. Un symbole solaire
ornait son milieu. Mais les statues étaient le plus impressionnant. Il y en
avait deux, chacune étant incrustée dans un des battants de la porte ;
leurs formes féminines dépassant gracieusement de la surface du verre. Les
traits de leur visage, la souplesse de leurs cheveux et le drapé de leur robe
étaient si finement ciselés qu’ils leur donnaient l’impression d’être
seulement endormies. Belles et figées pour l’éternité, les Llawynynes,
gardiennes jumelles de la Vallée Secrète, se tenaient la main au-dessus de
l’interstice, scellant ainsi l’entrée à tous les êtres vivants ou indésirables et
la sortie à toutes les âmes tourmentées. Leur autre bras était replié contre
elles ; la main au creux de l’estomac tenait les lourds anneaux qu’il
fallait soulever et faire résonner pour faire honorer une requête. Mais seul un
géant aurait pu atteindre et soulever de telles poignées."
Les Pèlerins d'Yssel, tome 2 : les Vengeurs, chapitre 25.
Qui a-t-il de l'autre côté de ces imposantes portes ? La réponse se trouve en partie dans les Vengeurs !
Et voici de quoi vous plonger un peu plus dans les méandres de l'Au-delà du monde imaginaire d'Adir.
L'élaboration de cette Vallée Secrète tire sans doute son origine de mon
expérience de mort imminente et de ma propre approche de la spiritualité et du monde invisible. On peut
rapprocher ce lieu transitoire de la Vallée de la Mort, issue des textes
bibliques et de certains récits de NDE. Et en cherchant plus loin, je
me suis souvenue d'une autre vision, celle de l'Oracle dans le film l'Histoire Sans Fin.
Nul doute que cette ambiance nocturne, ces colosses bleutés et
solennels, et enfin ce paysage désertique et d'une grande
sérénité, m'ont influencée.
Il s'appelle Jonham. Mais est-ce son véritable prénom ? Lui-même semble être incapable de répondre à la question. Il est fou. Imprévisible. Pathétique. Attachant. Son entrée dans Les Vengeurs est semblable à celle d'un chien dans un jeu de quilles...
" Moéva frissonna, saisie soudain par
la sensation épidermique d’être observée en cachette. Elle détourna
immédiatement son regard du joyau et le plongea dans les sous-bois. Le silence
pesant de la forêt commençait à lui irriter les nerfs. Elle resserra sa poigne
autour de la garde de son épée. Elle s’apprêtait à talonner sa jument pour
reprendre sa route, quand une voix d’homme chantante la fit violemment
sursauter.
– Din-gue-ding et
din-gue-di-long ! A votre place, je ne ferais pas une telle chose.
Din-gue-dong et din-gue-li-ding. Ce n’est pas bien. Ah ! Pas bien du
tout !
Moéva leva la lame de son épée et scruta les environs. Y
avait-il quelqu’un dans les fourrés qu’elle n’ait pas remarqué ? Sa voix
paraissait être si proche… Mais aucune ombre humaine ne côtoyait celles des
arbustes torturés. Où l’importun se cachait-il donc ?
– Din-gue-li-dou ! cria de nouveau la voix. Ici ! Plus
haut ! Voilà…
Moéva leva immédiatement les yeux. Une paire de pieds
pendait au-delà de la corniche de l’arc de triomphe. Elle fit un peu reculer
Cœur-Louve. Avec stupeur, elle découvrit un jeune homme assis sur le monument,
les jambes pendant dans le vide, et qui la regardait avec amusement. Il était
vêtu d’un drôle d’accoutrement : une sorte de vêtement de Cour suranné,
sale, terne et rapiécé. Un bonnet rond à fond plat était exagérément enfoncé
sur ses oreilles.
– Bonjour ! lança amicalement l’énergumène. Je suis
Jonham ! Souvenez-vous bien de ce nom. Il m’arrive tant de fois de
l’oublier…
– Qui êtes-vous ? demanda sévèrement Moéva en espérant
qu’il ne s’agisse pas d’une hallucination.
– Je suis… Ah ! (Il se gratta la tête d’un air sévère.)
Voilà, ça recommence !
– Jonham ? s’enquit la guerrière avec prudence.
Le visage de l’homme s’éclaira. Il écarta les bras de côté
et effectua de grands gestes frénétiques en diagonales.
– Je suis fou ! Non, pardon, je suis un fou. Un
fou fou même, pourrait-on dire.
– Je vois, fit Moéva avec amertume. Et que faites-vous
ici ?
– Vous ici ?
– Je vous demande pardon ?
– Pardon.
– Vous vous moquez de moi !
– Moi ?
– Descendez tout de suite ou je vous le fais chèrement
payer ! le menaça-t-elle en agitant la pointe de sa rapière dans sa
direction.
– Chuuut ! souffla l’homme en se penchant vers elle,
son index droit posé sur ses lèvres. Ils n’aiment pas le bruit.
– Qui ça « ils » ?
Le fou sursauta et se mit à regarder de tous côtés. Ses yeux
exorbités se fixèrent sur quelque chose d’invisible et virevoltant près de sa
tête, qu’il suivit longuement des yeux avant de l’attraper vivement dans ses
mains. Puis il porta celles-ci à son oreille et écouta avec attention ce qu’il
y tenait enfermé.
– Ils disent que vous devez renoncer à retrouver votre sœur,
dit-il avec sérieux.
– Pourquoi ?
– Hmm… (Il écouta de nouveau le vide entre ses paumes avec
attention ; fit la grimace ; secoua ses mains en tirant la langue ; écouta
encore.) Trop dangereux ! déclara-t-il avec effroi.
– Ce n’est pas ça qui va m’arrêter."
Les Pèlerins d'Yssel, tome 2 : les Vengeurs, chapitre 13.
Il y a sans doute un peu du "Fou" de Robin Hobb dans Jonham, mais il y a surtout beaucoup de ces fous antiques et médiévaux que les croyances populaires rapprochaient davantage des sages et des oracles. La fracture de leur mental leur permettait d'exprimer (disait-on) une sagesse concrète, évidente et universelle. Plus proche de notre imaginaire, le fou incarne la différence ultime entre les êtres humains, au-delà du temps, des croyances et des cultures. Plus que de susciter la méfiance et la haine, il provoque la terreur ultime : celle de ne plus être soi-même, celle de se perdre à l'intérieur de son propre esprit, l'horreur d'être confronté chaque jour, chaque minute, à un étranger dans le miroir.
Dans le cadre de mon roman, le fou n'appartient pas à une catégorie précise de déficience mentale. Cependant, il n'est pas soumis au mécanisme du refoulement : il laisse libre cours à sa vie psychique et à ses pulsions. Comportement envahissant et imprévisible qui, confronté aux clivages du monde extérieur, le plonge dans une grande souffrance. Celle-ci peut être intolérable au spectateur impuissant. Alternant les phases "normales" et les crises de démences à un rythme décousu, Jonham semble poursuivre une certaine logique, voire un but ; mais il est peu probable que ceux-ci soient les mêmes d'un jour à l'autre. Jonham remplit parfaitement son rôle d'élément perturbateur. Insaisissable, indéchiffrable, il pousse les autres personnages dans leurs retranchements ; il les confronte à leur propre part de folie intérieure, à l'absurde de leurs choix et à la fragilité du monde qui les entoure. Mon fou est un dément quelque peu médium : son esprit ouvert aux quatre vents le met en lien avec des choses invisibles, des âmes encore plus tourmentées que lui, des ombres avides de la chaleur des vivants. Il est leur jouet, mais aussi leur messager. Maudit, il prévient les héros des dangers qu'ils risquent à frayer avec le surnaturel. Mais le plus effrayant, c'est qu'il est conscient de sa folie et du mal qu'il peut faire à son entourage.
Chacun de mes personnages est accompagné d'une musique, et je crois que the
Parade d'Antimatter, intense, sombre, progressive, presque cacophonique, est très
appropriée pour illustrer Jonham. Le travail sur les différentes voix mêlées est très
intéressant et la montée en puissance du morceau s'accorde tout à fait
aux crises de démence dont peut être victime mon personnage.
Un fou est un outil dramatique à manier avec subtilité et parcimonie. Il faut jouer sur la peur et l'exaspération qu'il inspire, se servir de lui pour bousculer l'intrigue, suggérer des vérités cachées, révéler des secrets, ou au contraire, mystifier les autres héros considérés comme "sain d'esprit" ! Sans cesse au cours de l'écriture, il faut veiller à ne pas tomber dans la répétition des procédés littéraires ni dans l'excès : ce qui est un comble pour un être aussi frontal et subversif ! Jonham, c'est un peu ma nitroglycérine. Le confronter à mon héroïne principale, à l'esprit si cartésienne et au cœur tant vérouillé sur lui-même, était un plan démoniaque qui s'est mué en défi intéressant. De leur rencontre explosive, de leurs attentes contradictoires l'un envers l'autre, est née une des plus belles relations humaines qui soit : une amitié surprenante et inconditionnelle. Ensemble, ils évoluent dans une alchimie parfaite, mélange de crainte et de tendresse sur fond de grande mélancolie. Mais leur loyauté mutuelle survivra-t-elle aux tomes suivants ?
J'avoue que je ne me lasse pas de relire les apparitions du fou et que je jubile d'avance de ces passages dans lesquels il me reste à le mettre en scène.
La folie de Jonham est incurable. Certains craignent qu'elle soit contagieuse... Mais la
mort est-elle le seul antidote à ce mal ? Et qui se devrait de la lui administrer ? Je vous invite à y réfléchir
tout en vous laissant envouter par cet excellent morceau de Moonspell : the Antidote,
issu de l'album éponyme. Cette musique reflète pour moi la
séduction qu'exerce parfois le fou sur son entourage, ainsi que sa
dangerosité. Cette chanson joint des phases langoureuses et une
rythmique puissante, propices à mes envolées imaginaires ; la reprise à
la fin du morceau est intense : c'est l'une de mes préférées.
Je vous remercie pour votre lecture et votre écoute !
A très bientôt !
A ma manière, j'ai voulu dans mes romans rendre hommage à la sensualité féminine, à la beauté et au mystère de ce genre superbe, et au combat des femmes pour leurs libertés et leur indépendance. J'ai créé l'ordre artistique des Danseuses Sacrées, qui contrebalance celui des Dames d'Yssel à la vocation guerrière. Pour lui donner vie, j'ai été très inspirée par les danses indiennes, leur code gestuel et vestimentaire, mais aussi par la fougue et la grâce du flamenco. J'ai également une formation de danseuse classique sur huit années.
Pour moi, la danse est un médium utile à la connaissance de soi et à l'harmonie sociale et universelle. Elle est synonyme d'acceptation de soi et de liberté. C'est une parenthèse pendant laquelle le mental s'efface pour laisser le corps et les émotions s'exprimer. Il faut aussi suivre la musique, faire attention à son rythme (comme dans notre vie de tous les jours où il faudrait être attentif au rythme de l'Univers). Danser en couple ou en groupe apprend le respect de l'autre, le détachement de soi, à être attentif aux désirs et aux difficultés de chacun.
Ne dit-on pas que "le corps est le véhicule de l'âme" ? Laissons donc notre corps danser et nous entendrons peut-être notre âme chanter sa vraie partition.
Voici l'extrait dans les Vengeurs qui présente l'ordre des Danseuses Sacrées :
"Elvire avait souvent rêvé d’être une Danseuse Sacrée. Ces
femmes étaient pour elle un symbole de liberté et d’indépendance farouche.
Organisées en compagnies d’une vingtaine de membres, elles sillonnaient Adir
pour ravir les esprits et les cœurs par la grâce de leurs ballets
chorégraphiés. Leur manière de danser, très codifiée, était un vrai langage
complexe et subtil, une relique vivante des débuts de la civilisation humaine.
L’origine de leur ordre remontait à la lutte des esclaves humains contre
l’oppresseur elfe. Dans les mines dirigées par les elfes où toute l’humanité
avait été consignée et asservie, les humains n’avaient pas été autorisés à
parler devant leurs maîtres. Pour communiquer, ils inventèrent leur propre langage gestuel. Plus tard, les élites elfiques emportèrent des humains, parmi les
plus beaux, pour les servir dans leurs palais merveilleux. S’inspirant des
danses elfiques, les vestales de la sorcière Saer’hra Elynda créèrent alors
leurs propres chorégraphies. Leur succès fut immense ; elles présentèrent
leurs spectacles dans toutes les Cours princières. Mais chaque geste avait un
sens particulier, chaque partie du corps avait sa signification, chaque posture
avait son code et chacun de leurs enchaînements décrivait quelque chose de bien
particulier. A force de labeur et de sacrifice, les almées parvinrent à leur
but : infiltrer tous les cercles du pouvoir elfique et transmettre à toutes
les poches de rébellions humaines des messages cachés dans la souplesse et le
rythme de leur corps. Elles incarnaient, au sens propre, la volonté de liberté
de toute l’Humanité. Nombreuses moururent pour la cause, mais jamais les elfes
ne les démasquèrent. Et lorsque ceux-ci furent vaincus, les Danseuses Sacrées
continuèrent de parcourir le monde civilisé, balançant leurs courbes gracieuses
sur des hymnes de joie et d’unité. Elles mirent en scène la légende d’Yssel et
de ses saints. Elles contèrent les exploits de Sans-Nom et les amoures de Cyxie
et Galaadren. Protégées par l’église d’Yssel alors même que celle-ci
n’acceptait pas encore les femmes dans ses hautes sphères, elles soutinrent la
cause de sainte Lëla. Héritières et gardiennes d’une tradition gestuelle de la
transmission du savoir, elles ne cessèrent jamais de danser pour rappeler aux
humains le combat qu’ils avaient mené et qu’elles avaient porté sur leurs
épaules ornées de perles. Nul n’osa les pourchasser, quand bien même elles
prônaient un art de vivre hédoniste – ainsi que le respect de la sensualité et
de la jouissance féminine – qui allait à l’encontre de la morale puritaine des
époques passées. A l’heure actuelle, les Danseuses Sacrées étaient considérées
comme le fer de lance du libertinage bourgeois. Elles inspiraient plus de
méfiance et de jalousie que de considération. Mais pour Elvire, seule leur
gloire passée importait. Car si les Clayroy régnaient sur Abhorn, c’était grâce
à ces femmes qui, dans les détours de leurs doigts agiles, avaient prévenu la
Dame d’Ezar de la tentative d’assassinat du Champion des elfes sur la reine
Sans-Nom."
Les Pèlerins d'Yssel, tome 2, les Vengeurs, chapitre 20.
Je vous propose 2 musiques/vidéos pour accompagner cet extrait (vous l'aurez deviné, je suis une fan de Madhuri Dixit.) :
Ceci est la chanson éponyme du film Aaja Nachle :
Ceci est l'extrait du film Devdas, la chanson intitulée Re Dola Re.
Merci pour votre lecture et votre attention.
A bientôt.